Marijuana – Les États-Unis accélèrent la cadence
En légalisant la marijuana, plusieurs États américains viennent confirmer une tendance hautement perceptible. Bien sûr, il reste plusieurs poches de résistance dans l’imaginaire collectif de ce vaste pays, mais il n’en demeure pas moins que la preuve est faite qu’avec des citoyens au fait des choses, certaines avancées peuvent être facilement légitimées.
Les États du Colorado, de Washington, de l’Oregon et de l’Alaska avaient été les premiers à avoir légalisé la marijuana à des fins récréatives. Malgré un rejet en Arizona, la Californie, le Maine, le Massachusetts et le Nevada ont emboîté le pas par referendum. Petit à petit, les citoyens américains sont sensibles à la décriminalisation de ce qu’ils estiment être une grande incompréhension. Dans un monde où l’alcool et le tabac sont hautement plus dangereux, comment peut-on s’acharner à rendre ce « stupéfiant-light » illégal ? Certaines valeurs profondes issues du puritanisme de l’Amérique profonde continuent de dominer la morale sociale.
Des milliards de dollars en jeu
La consommation sur le marché américain légal de la marijuana a été estimée à près de 5 milliards $US en 2015. Ces chiffres, établis en février dernier par les firmes ArcView Market Research et New Frontier Data, spécialisées dans l'industrie de ce produit, donnent du poids à une croissance déjà perceptible. On l’estime à 17% et nul doute qu’avec les nouvelles zones de consommation, la tendance va connaître un bond important. Médicale ou récréative, la marijuana a tranquillement fait son lit aux États-Unis et les chiffres n’ont pas tardé à gonfler, tant sur le plan des ventes que sur le plan des recettes fiscales. L’usage fait de ces dernier fonds est surtout orienté vers l’amélioration des services sociaux, des écoles ou encore des centres de santé spécialisés... dans la désintoxication.
Aujourd’hui, la Californie représente à elle seule près de 20% du marché global de la marijuana aux États-Unis. Entre autres, cela se justifie dans l’État américain le plus populeux parce que la carte donnant accès à l’achat de la marijuana « médicale » s’obtient assez facilement. Justifier de douleurs quelconques y donne accès rapidement.
Dans un vote organisé à l’automne 2015, une large majorité d’électeurs du Colorado a choisi de laisser l’État conserver ce surplus pour financer des services publics. Il sert donc à financer entre autres la construction d’écoles et de centres de désintoxication, des programmes de prévention du décrochage scolaire, de l’usage des drogues et du harcèlement. Dans l’État de Washington, où la vente légale de cannabis a commencé en juillet 2014, les revenus de l’État ont explosé.
Plus respectable aux yeux des autorités et de la loi, la marijuana devient un produit hautement courtisé par certains milieux d’affaires. La firme ArcView évalue à 30% le potentiel de développement de ce marché d’ici à 2020 si la légalisation se maintient au rythme actuel. On pourrait, selon le groupe de recherche, atteindre les 22 milliards $US, ce qui selon les experts indique que « la légalisation du cannabis est l'une des plus grandes opportunités d'affaires de notre temps ».
C’est dire donc que l’expérience américaine pourra permettre à d’autres pays de saisir cette opportunité médicale et récréative. Il n’y a jamais trop de bassin de revenus pour les gouvernements et d’avenues pour les gens d’affaires. Mais il ne faudrait pas jubiler trop tôt non plus, parce que même si les États changent de dynamique législative, la marijuana reste illégale au regard de la loi fédérale américaine. Un paradoxe qui pourra être levé, mais pas à n’importe quel prix.
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